Gavroche, hebdomadaire culturel socialiste

Qui se souvient que Gavroche, né dans la clandestinité en 1943, a été à la Libération un hebdomadaire culturel socialiste parisien ? Qui sait que son directeur politique, le journaliste Jean Texcier (1888-1957), a été un intellectuel respecté et un des premiers résistants, distillant dès juillet 1940 ses Conseils à l’occupé ?

Pour tourner la page de la collaboration, entrer dans une nouvelle République, Gavroche entend promouvoir les valeurs portées par la Résistance. Il intervient avec force dans les grands débats culturels, entre existentialisme, humanisme, et personnalisme… Il polémique avec Sartre ou Camus sur l’esprit de la Résistance. On y retrouve les signatures de Maurice Nadeau, Jean Paulhan, Yvan Audouard, Jean Dorcy, René Lalou, Pierre-Aimé Touchard, Jacqueline Lenoir… Mais Gavroche est aussi un hebdomadaire adossé au Parti socialiste. De novembre 1944 à mars 1948, du tripartisme à la guerre froide, il accompagne et relaie les débats de la SFIO, en pointe dès le printemps 1947 dans la définition d’une « troisième force » entre gaullisme et communisme.

Bruno Demonsais présente les acteurs de cette aventure collective, et éclaire d’un jour nouveau les enjeux cruciaux d’une presse politique et culturelle nationale en totale recomposition. La vie et la mort de Gavroche invitent à une réflexion sur la place de la presse d’opinion dans notre pays. Cet ouvrage reprend en grande partie le mémoire de maîtrise d’histoire soutenu par l’auteur à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, l’un des deux lauréats du Prix de la Fondation Jean-Jaurès 2005.

Bruno Demonsais, Gavroche, hebdomadaire culturel socialiste, coll. Des poings et des roses, L’Harmattan, septembre 2006

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