Le discours de 1908, au Congrès de Toulouse de la jeune SFIO, n’est pas celui qui vient spontanément à l’esprit lorsque nous pensons à Jean Jaurès.
Il ne contient pas les envolées des grandes interventions parlementaires, il n’a pas la force poignante du discours contre la guerre prononcé dans la cathédrale de Bâle en 1912 ou la gravité empreinte d’espoir du discours à la jeunesse de l’été 1914. Mais, il n’en revêt pas moins une grande importance pour Jean Jaurès lui-même et pour le socialisme français. Ce fut, en effet, ce discours qui consacra la prééminence de Jaurès parmi les socialiste français. Il fait apparaître le « chef » de parti, qui sait affronter la controverse politique, pousse l’adversaire dans ses retranchements mais qui a, tout autant, l’aptitude de dégager les synthèses entraînant l’adhésion. La stature intellectuelle, en effet, aussi éclatante soit-elle, ne suffit pas pour animer une force politique. Le prestige de Jean Jaurès vient aussi de ce qu’il a su assumer les contradictions du socialisme français et, de ses faiblesses tenter d’en faire une force. C’est tout l’enjeu de ce congrès de Toulouse qui, avec le recul, peut être considéré comme un moment fondateur pour la tradition socialiste.