Élections sénatoriales américaines de 2020 : dix sièges décisifs

Alors que la campagne pour l’élection présidentielle de 2020 est déjà lancée aux États-Unis, Renan-Abhinav Moog livre son analyse des rapports de force politiques dans les États où pourrait se jouer l’issue de l’élection du Sénat au niveau fédéral, organisée en même temps que le scrutin présidentiel.

Lors des midterms – élections de mi-mandat – de novembre 2018, alors qu’ils n’étaient qu’à deux sièges de la majorité au Sénat et malgré leurs deux conquêtes dans l’ouest, les démocrates ont finalement perdu du terrain, passant de 49 à 47 sièges. Ils ont ainsi perdu un siège dans le Dakota du Nord (occupé par des démocrates depuis 1960), un en Floride (dont le sortant était en place depuis 2000), un dans le Missouri (sortante en place depuis 2006) et un dans l’Indiana (sortant en place depuis 2012 seulement).

Ils paient aujourd’hui les conséquences de leurs deux larges reculs de 2010 (six sièges perdus) et de 2014 (neuf sièges et la majorité perdus), qui les ont placés dans une situation où leur retard devenait très compliqué – voire impossible – à rattraper en une seule élection. En 2016, ils n’ont gagné que deux sièges sur les républicains, dont une seule reconquête sur le terrain perdu six ans plus tôt.

En 2020, ce sera au tour des sénateurs élus en 2014 de remettre leur mandat en jeu. Trente-trois sièges de seconde classe seront renouvelés, auxquels viendra s’ajouter une élection partielle en Arizona, pour pallier la vacance créée par la mort de John McCain en 2018. Les républicains défendront 22 sièges dont 9 sont des conquêtes de 2014.

Sur le papier, les démocrates ont toutes les chances de sortir victorieux de ces élections. Avec 47 sièges, il leur suffit de trois à quatre sièges pour reprendre la majorité au Sénat, en fonction du parti auquel appartiendra le vice-président élu en 2020. Et, surtout, plus un parti a de sièges à défendre, plus il a de risques d’en perdre.

Mais les démocrates vont se frotter à deux problèmes de taille : sur les neuf sièges perdus en 2014 (Montana, Dakota du Sud, Iowa, Virginie-Occidentale, Caroline du Nord, Arkansas, Louisiane, Colorado et Alaska), ils n’ont que très peu de chances de reconquête. Enfin, ils ont très peu de perspectives de gains sur les sièges détenus par les républicains.

En 2020, 31 sénateurs du GOP (Grand Old Party, Parti républicain) et 35 sénateurs démocrates et indépendants ne seront pas concernés par le scrutin. Sur les 34 sièges en jeu, les démocrates partent en position largement favorable dans 10 États et les républicains dans 14.

Les deux camps sont donc virtuellement à égalité : 35 + 10 soit 45 démocrates ; 31 + 14 soit 45 républicains. Les dix derniers États constituent dix sièges à surveiller : ils feront l’élection de 2020 pour le Sénat.

En Alabama : un démocrate très menacé

L’Alabama, comme son voisin le Mississippi, a longtemps été un fief incontesté du Parti démocrate. En 1990, le démocrate Howell Heflin était réélu avec plus de 60% des voix, dans un État qui n’avait plus voté démocrate à une élection nationale depuis le scrutin présidentiel de 1976.

En 1992, Richard Shelby était réélu à son tour, avec cette fois 64,8% et plus d’un million de voix. Dans le même temps, Bill Clinton ne remportait que 40,9% des voix face au président républicain sortant George H. Bush. Deux ans plus tard, lors de la Republican Revolution, Richard Shelby rejoignait les rangs des républicains.

Devenu terre de mission pour les démocrates, plus un seul de leurs candidats ne s’y est imposé jusqu’à la partielle de décembre 2017. À la suite de la démission de Jeff Sessions, élu depuis 1996, Luther Strange est devenu sénateur, pour occuper le poste jusqu’à l’organisation d’un scrutin partiel. Strange a été battu lors de la primaire républicaine par Roy Moore, juge conservateur et très anti-establishment. Mais Moore a été durant la campagne accusé de harcèlement et d’agression sexuelle par plusieurs femmes. À l’issue d’une campagne féroce, c’est finalement le démocrate Doug Jones qui a remporté le siège, devenant le premier sénateur démocrate de l’État depuis vingt-trois ans.

Mais Jones n’a été élu que pour terminer le mandat abandonné par Sessions. Il n’est donc sénateur que jusqu’en janvier 2021, l’élection pour le mandat 2021-2027 ayant lieu en novembre 2020. Dans cet État profondément conservateur, où Donald Trump a remporté 62,1% des voix en 2016, la réélection de Jones semble impossible. La défaite lors des midterms de 2018 de quatre sortants démocrates mieux implantés que Jones, mais qui avaient le tort d’être élus dans des Trump States, est également un signe inquiétant.

De plus, la concomitance du scrutin avec l’élection présidentielle aura sans doute pour effet de galvaniser les troupes du GOP, qui sont largement plus nombreuses que celles sur lesquelles peuvent compter les démocrates. Il est donc très probable que Doug Jones sera (assez largement) battu en novembre 2020.

PVI : R+14
Composition actuelle du Sénat : 47 démocrates, 53 républicains
Pronostic pour l’Alabama : victoire du Parti républicain
Pronostic pour le Sénat (avec l’Alabama) : 46 démocrates (perte d’un siège), 54 républicains

En Arizona : une partielle à risque pour le GOP

Après la mort du républicain John McCain en août 2018, Doug Ducey, gouverneur de l’Arizona, avait nommé Jon Kyl, ancien sénateur de l’État entre 1995 et 2013. Ce dernier, qui avait annoncé qu’il ne se représenterait pas en 2020, a finalement choisi de démissionner à la fin de l’année 2018, permettant ainsi à Ducey de nommer, pour le remplacer… Martha McSally, candidate républicaine battue lors des dernières midterms !

La situation, qui semblait jusqu’à présent très favorable aux démocrates (les conquêtes sont facilitées lorsque le sortant ne se représente pas), paraît désormais beaucoup plus ouverte. Devenue sénatrice « par défaut », Martha McSally saura-t-elle s’imposer pour s’assurer une réélection en 2020, évitant ainsi un second désaveu des électeurs ? Les démocrates doivent désormais trouver un candidat capable de s’imposer. Ils disposent d’un léger avantage : avec cinq représentants sur neuf, ils ont un bon vivier de candidats potentiels. Toutefois, qui dit concurrence dit primaire. Et risque de voir le parti se déchirer à l’échelle locale avec d’éventuelles difficultés pour rassembler l’électorat démocrate dans les urnes.

Sur le papier, le GOP est favorisé. Il s’est imposé dans la majorité des scrutins organisés à l’échelle de l’État depuis vingt-cinq ans. Malgré une forte croissance de la population hispanique, l’Arizona reste, comme dans le Texas, ancré dans le camp républicain. L’élection de novembre 2020 constituera un bon curseur du niveau de transformation de l’électorat de l’Arizona, qui suit le modèle de la Virginie entre 2006 et 2012.

L’Arizona sera doublement clé : si Hillary Clinton y a concentré ses efforts en 2016, ils n’ont pas été couronnés de succès. Une victoire démocrate constituerait un sérieux handicap pour la réélection de Donald Trump.

PVI : R+5
Pronostic pour l’Arizona : victoire du Parti démocrate
Pronostic pour le Sénat : 47 démocrates, 53 républicains (statu quo)

Colorado et Maine : deux sortants républicains dans des États ayant voté Clinton en 2016

Si l’Arizona semble plus partagé aujourd’hui qu’il ne l’était après les dernières midterms, le Colorado et le Maine devraient, théoriquement, constituer un terrain facile pour les démocrates.

Le Maine, qui n’a pas voté pour un candidat républicain à un scrutin présidentiel depuis 1988, n’a toutefois pas élu de sénateur démocrate depuis 1994, année où George Mitchell a quitté la scène politique. Durant près de vingt ans, cet État peu peuplé de Nouvelle-Angleterre a réélu deux sénatrices GOP très libérales, Olympia Snowe (élue de 1995 à 2013) et Susan Collins (élue depuis 1997). En 2012, le candidat indépendant Angus King s’est imposé face à des candidats démocrate et républicain. Il siège depuis son élection avec les démocrates. En 2014, il avait annoncé pouvoir rejoindre la nouvelle majorité républicaine au Sénat si la défense des intérêts du Maine s’y révélait plus efficace, sans toutefois concrétiser cette annonce.

Donald Trump a été le premier candidat républicain à obtenir un grand électeur dans le Maine depuis la victoire de George Bush père en 1988. Contrairement aux 48 autres États, qui pratiquent le winner takes all (le candidat qui remporte un État remporte l’intégralité de ses grands électeurs), le Maine et le Nebraska divisent leurs grands électeurs, en en attribuant un par district congressionnel, le reste étant pour l’État at large. Ainsi, le Maine, qui compte deux districts, dispose de quatre grands électeurs, deux pour l’État dans son ensemble et un pour chacun des districts. Donald Trump a perdu au niveau de l’État, mais a remporté le second district du Maine.

Le choix du candidat démocrate sera donc primordial pour les chances de victoire du parti. De plus, les électeurs du Maine pourraient préférer élire un candidat républicain, afin de disposer de représentants issus de chaque parti. Bien entendu, si Susan Collins se représente, sa réélection ne devrait pas poser de problème, même si un effet Chafee n’est pas totalement à exclure.

En théorie, la reconquête sera plus aisée dans le Colorado, État dont l’électorat penche de plus en plus pour les démocrates. Toutefois, la prime au sortant pourrait favoriser Cory Gardner, qui termine son premier mandat. Cette élection sera très suivie et sans doute très serrée.

Alors que le Colorado penchait en faveur du GOP (de 1960 à 2004, cet État n’a voté que deux fois pour un candidat démocrate, lors de la vague de 1964 puis en 1992), il s’est ancré dans le camp démocrate depuis 2008, du moins au niveau présidentiel. À l’échelon sénatorial, le Colorado a pratiquement toujours eu un sénateur de chaque parti. La victoire du démocrate Mark Udall en 2008, conjointement à celle de Barack Obama, est venue troubler cette habitude, Udall rejoignant Ken Salazar, élu depuis 2004. Cette « anomalie » a été de courte durée, puisque Msark Udall a fait partie des neuf démocrates emportés par la vague républicaine de 2014. Parmi les trois Mountain States à forte population hispanique ayant basculé dans le camp démocrate en 2008 (Nouveau-Mexique, Nevada et Colorado), le Colorado est désormais le seul à avoir une représentation bipartisane au Sénat.

Là encore, c’est la forte croissance de la population à Denver et dans ses environs qui a permis aux démocrates de remporter plusieurs élections dans ce fief républicain, les résultats de Denver venant compenser ceux du reste de l’État. Défait de 49 729 voix par Cory Gardner, Udall a perdu 32 389 voix en 2014 par rapport à 2008, rien que dans le comté de Denver. En 2008, il avait 129 773 voix d’avance sur son concurrent républicain dans ce comté. Six ans plus tard, son avance n’était plus que de 101 321 voix. La concomitance de l’élection de 2020 avec le scrutin présidentiel devrait permettre aux démocrates de mobiliser leur électorat et favoriser leur victoire.

Maine : PVI D+3
Colorado : PVI D+1
Pronostic pour le Maine : victoire du Parti républicain
Pronostic pour le Colorado : victoire du Parti démocrate
Pronostic pour le Sénat : 48 démocrates (gain d’un siège), 52 républicains

Caroline du Nord et Iowa : une revanche pour les démocrates ?

En 2014, les démocrates avaient perdu ces deux États clés, dans des contextes très différents. L’Iowa, situé en plein cœur du Midwest, a la réputation d’être un État plutôt favorable aux démocrates. Mais tous les derniers scrutins, à l’exception du plus récent, sont venus faire mentir cette réputation.

La Caroline du Nord est un fief républicain. Elle avait toutefois pour habitude d’élire des sénateurs démocrates : de 1903 à 1973, elle a constamment été représentée par deux démocrates. Depuis les années 1970, la tendance s’est inversée et, en 2014, Thom Tillis, battant la sortante démocrate Kay Hagan, est venu rejoindre Richard Burr, élu en 2004 pour succéder à John Edwards, candidat à la vice-présidence sur le ticket démocrate.

En 2016, si Hillary Clinton et Deborah Ross ont échoué à s’imposer face à Donald Trump et à Richard Burr, les démocrates ont tout de même remporté un scrutin en Caroline du Nord : le gouverneur républicain sortant, Pat McCrory, a été battu par Roy Cooper.

Thom Tillis est un des élus les plus impopulaires du Sénat. Dans un État où le facteur racial est très important – l’État compte deux minorités importantes, les Afro-Américains (22,2% de la population) et les Latino-Américains (9,5% de la population) –, les démocrates comptent sur la surmobilisation des minorités pour l’emporter. Et, pourquoi pas, réitérer en 2020 l’exploit de Barack Obama, qui s’était imposé sur John McCain en 2008 par 49,7% contre 49,4%. Ce serait alors la troisième victoire démocrate à un scrutin présidentiel dans cet État du Sud depuis 1976. Et cette victoire pourrait créer une dynamique suffisante pour permettre que Tillis perde son siège au Sénat.

Il conviendra de surveiller tout particulièrement la participation des cinq comtés les plus peuplés de l’État, Mecklenburg (Charlotte, chef-lieu du comté), Wake (Raleigh), Guilford (Greensboro), Fortsyth (Winston-Salem) et Durham. En 2008, ces cinq comtés, qui représentent 32,1% de la population totale de l’État, avaient donné 360 315 voix d’avance à la démocrate Kay Hagan, une avance décisive pour sa victoire de 361 781 voix sur la sortante Elizabeth Dole, et qui lui a cruellement manqué six ans plus tard.

L’Iowa, État par lequel commencent les primaires des deux grands partis, a longtemps été représenté par un sénateur de chaque camp, en l’occurrence le républicain Chuck Grassley, élu en 1980 et réélu en 2016, et le démocrate Tom Harkin, élu en 1984 et qui s’est retiré en 2014, laissant son siège basculer entre les mains de la républicaine Joni Ernst. Donald Trump a remporté 51,1% des voix en 2016, contre seulement 41,7% pour Hillary Clinton, obtenant ainsi le meilleur score pour un républicain depuis Ronald Reagan en 1980. Par ailleurs, parmi les six États ayant basculé entre 2012 et 2016, l’Iowa est celui où Donald Trump l’a emporté avec la marge la plus élevée. Certes, les démocrates ont gagné deux districts lors des midterms de 2018, passant d’un à trois représentants sur quatre, mais, alors que les sondages leur promettaient la victoire, ils n’ont pas réussi à battre la gouverneure républicaine sortante, Kim Reynolds. L’emporter contre Joni Ernst en 2020 semble donc un pari difficilement tenable.

Caroline du Nord : PVI R+3
Iowa : PVI R+3
Pronostic pour la Caroline du Nord : victoire du Parti démocrate
Pronostic pour l’Iowa : victoire du Parti républicain
Pronostic pour le Sénat : 49 démocrates (gain de deux sièges), 51 républicains

New Hampshire : l’exception conservatrice en Nouvelle-Angleterre

État peu peuplé situé au cœur de la Nouvelle-Angleterre, le New Hampshire est nettement moins ancré dans le camp démocrate que peuvent l’être les États voisins, le Vermont, fief de Bernie Sanders, ou le Massachusetts, fief du clan Kennedy. De ce fait, les deux derniers scrutins sénatoriaux, organisés en 2014 et en 2016, ont été particulièrement disputés. Ils ont toutefois tous deux vu les candidates démocrates s’imposer.

En 2020, Jeanne Shaheen, élue pour la première fois en 2008 en battant le sortant républicain John Sununu, tentera sa réélection à un troisième mandat. Toutefois, Donald Trump, qui y a talonné Hillary Clinton en 2016 (47,3% contre 47,6%), espère accrocher l’État et ses quatre grands électeurs à son tableau de chasse. George W. Bush y est bien parvenu en 2000, alors pourquoi pas lui ? Le GOP ne regardera donc pas à la dépense, et la campagne dans cet État s’annonce rude.

PVI : 0
Pronostic pour le New Hampshire : victoire du Parti démocrate
Pronostic pour le Sénat : 49 démocrates (gain de deux sièges), 51 républicains

Géorgie : transformer l’essai de 2018, un pari difficile pour les démocrates ?

De 1873 à 1980, la Géorgie a été représentée sans interruption par deux sénateurs démocrates. Après une période de transition, où les démocrates dominaient encore la vie politique de l’État, depuis 2004, la Géorgie n’a plus élu que des sénateurs républicains.

La domination démocrate était encore plus nette (et le basculement vers le GOP n’a pas connu de période transitoire) au niveau du siège de gouverneur : de 1871 à 2002, soit durant cent trente et un ans, la Géorgie n’a eu que des gouverneurs démocrates. Depuis 2002, plus aucun démocrate n’y a remporté de scrutin. David Perdue a été élu en 2014 face à Michelle Nunn, fille de l’ancien sénateur démocrate Sam Nunn, élu de 1972 à 1997, succédant ainsi à Saxby Chambliss qui ne se représentait pas après deux mandats. La même année, le gouverneur Nathan Deal était réélu face à Jason Carter… petit-fils de l’ancien président Jimmy Carter.

L’élection de 2018 au poste de gouverneur constituait une étape fondamentale pour la reconquête de l’État par les démocrates. Leur candidate, Stacey Abrams, a remporté 48,8% des suffrages, soit 1 923 685 votes et le meilleur score en pourcentage jamais obtenu par un démocrate depuis l’élection sénatoriale partielle de 2000 (58,1% pour le démocrate Zell Miller). Surtout, elle a récolté le meilleur score en voix jamais obtenu par aucun démocrate, tous scrutins confondus dans cet État, surpassant de 45 722 voix le score de Hillary Clinton en 2016.

Sur les quatre comtés les plus peuplés (Atlanta et ses banlieues), Stacey Abrams a non seulement dépassé en voix les scores de Hillary Clinton, mais elle a surtout creusé l’écart avec son opposant républicain, Brian Kemp.

 

Michelle Nunn (2014)

Hillary Clinton (2016)

Stacey Abrams (2018)

Comté de Fulton

171 504 (64,7%)

297 051 (67,7%)

306 589 (72,3%)

Comté de Gwinnett

86 369 (43,6%)

166 153 (50,2%)

178 097 (56,6%)

Comté de Cobb

90 276 (42,4%)

160 121 (47,9%)

168 767 (54,1%)

Comté de DeKalb

165 803 (78,3%)

251 370 (79,1%)

261 042 (83,5%)

Total

513 952

874 695

914 495

La Géorgie sera doublement clé en 2020 : Donald Trump peut y perdre sa réélection et les démocrates peuvent y gagner un siège au Sénat.

PVI : R+5
Pronostic pour la Géorgie : victoire du Parti républicain
Pronostic pour le Sénat : 49 démocrates (gain de deux sièges), 51 républicains

Le Montana, nouvel eldorado démocrate ?

Parmi les sortants démocrates élus dans des Trump States, Jon Tester a été le seul à être réélu en 2018. Et surtout, grâce à une participation exceptionnellement forte pour des midterms (504 384 votants contre 369 826 seulement en 2014), il a obtenu le deuxième meilleur score en voix pour un démocrate depuis Max Baucus en 2008. Avec 253 876 voix, Tester est encore loin des 279 230 voix de Donald Trump en 2016, mais il a montré que les démocrates pouvaient tenir bon dans un fief républicain. À condition cependant d’avoir le bon candidat. En 2014, alors qu’ils avaient remporté 72,9% des suffrages six ans plus tôt, les démocrates ont laissé filer le siège de Max Baucus (qui n’avait connu que des démocrates depuis 1913), leur candidate n’obtenant que 40% face à Steve Daines.

Deux candidats, bénéficiant d’une aura suffisante pour battre Daines en 2020 (défi dont la difficulté est accrue par la concomitance de ce scrutin avec l’élection présidentielle), étaient envisageables : Steve Bullock, gouverneur de l’État depuis 2013 (élu en 2012), mais qui a renoncé (pour cause d’ambitions nationales : il a annoncé mi-mai sa candidature à la primaire démocrate pour 2020), et Brian Schweitzer, son prédécesseur élu en 2004 et triomphalement réélu avec 65,5% en 2008.

Mais l’exemple de Phil Bredesen dans le Tennessee en novembre 2018 nous montre qu’il faut se méfier des candidatures d’anciens gouverneurs populaires.

PVI : R+11
Pronostic pour le Montana : victoire du Parti démocrate
Pronostic pour le Sénat : 50 démocrates (gain de trois sièges), 50 républicains

Kentucky : seize ans après 2004, de nouveau « compétitif » ?

Malgré l’expérience du scrutin sénatorial dans le Tennessee en 2018, on peut imaginer le Kentucky – dont le profil électoral est très similaire à celui de son voisin septentrional – comme l’un des États clés pour 2020. Ces États ont tous deux été des fiefs démocrates jusque dans les années 1990, votant pour Bill Clinton en 1992 et 1996 puis pour tous les tandems républicains depuis 2000, ont tous deux élu un gouverneur démocrate au milieu des années 2000 (Phil Bredesen de 2003 à 2011, Steve Beshear de 2007 à 2015) et ont tous deux connu un très fort glissement en faveur de Donald Trump en 2016.

Toutefois, le sénateur sortant dans le Kentucky est Mitch McConnell, élu depuis 1984 et chef de la majorité au Sénat depuis 2015 (élu en 2014). Représentant l’establishment du parti, il fait partie des élus dont la cote de popularité est la plus basse. En 2008, alors que Barack Obama était distancé de plus de 16 points par John McCain dans l’État, Mitch McConnell ne remportait que 53% des suffrages contre 47% pour son opposant, Bruce Lunsford.

L’autre siège de sénateur a été très disputé en 1998 et en 2004, lors des deux élections du républicain Jim Bunnings. En 1998, Bunnings ne s’est imposé que par 49,8% des voix face au démocrate Scotty Baesler (49,2%). Et en 2004, il n’a été réélu qu’avec 50,7% des suffrages face à Daniel Mongiardo. McConnell se représentera-t-il en 2020 ? Son impopularité peut-elle favoriser une victoire démocrate ? Le sort de ce scrutin dépendra essentiellement de lui.

PVI : R+15
Pronostic pour le Kentucky : victoire du Parti républicain
Pronostic pour le Sénat : 50 démocrates (gain de trois sièges), 50 républicains

Bonus : au Texas et au Minnesota, surprises en perspective ?

Le Texas a été la grande surprise des midterms de 2018. Beto O’Rourke, démocrate élu d’El Paso, a tenté sa chance face à l’indétrônable Ted Cruz. Et – événement impensable depuis près de trente ans – il a fait la course en tête durant le premier tiers de la soirée électorale, avant de finalement s’incliner avec le très honorable score de 48,3 % face aux 50,9 % du sortant. O’Rourke est désormais candidat à la primaire démocrate mais demeure loin derrière les deux grands favoris que sont Bernie Sanders (déjà candidat en 2016) et Joe Biden (qui a été candidat en 1988 et en 2008 avant de devenir colistier puis vice-président de Barack Obama). S’il échoue lors des primaires, il pourrait être tenté de faire comme Marco Rubio en 2016 : se représenter pour le scrutin sénatorial. Et le Texas pourrait dès lors redevenir compétitif, tandis que le sortant républicain, John Cornyn, pourrait remporter une adhésion moindre que Ted Cruz parmi la population hispano-américaine.

Du côté des républicains, on rêve de compléter le tableau des conquêtes de Donald Trump dans la Rust Belt et le Midwest. Si l’Illinois est hors de portée, les ambitions du GOP se portent sur le Minnesota, État charnière entre les deux Dakota, fiefs républicains, et le Wisconsin et l’Iowa, conquis par Trump en 2016. Hillary Clinton n’y a remporté que 46,4% face aux 44,9% de Trump, soit à peine 55 000 voix d’avance sur près de 3 millions de suffrages.

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