Pour la première fois en Inde, le parti nationaliste hindou (BJP) gagne les élections législatives à la majorité absolue, écrasant le Parti du Congrès. Comment analyser cette victoire historique qui place à la tête du pays le leader du BJP, Narendra Modi?
Le 12 mai dernier, le BJP remporte une victoire historique aux élections législatives indiennes. Philippe Humbert analyse les résultats de ce vote et explique les facteurs de ce succès électoral sans précédent.
La droite hindouiste gagne les élections avec 282 sièges ce qui lui confère la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 31,5% des voix. Le Congrès n’obtient en revanche que 44 sièges avec 19,6%, ce qui constitue une défaite historique pour le parti de la famille Gandhi. Les alliés du Congrès, le DMK, le BSP, le SP perdent également des sièges. Le « Parti de l’homme ordinaire », l’AAP ne récolte finalement que 4 sièges en dépit des candidatures proposées partout dans le pays.
Quant aux partis régionaux, ils maintiennent leur position voire se consolident notamment ceux qui ont pris leur distance avec le Congrès comme le TMC, le AIADMK et le BJD. La gauche communiste poursuit, par ailleurs, son net recul. Le glissement des voix pour le BJP s’observe géographiquement puisque l’Hindi Belt s’est étendue vers l’ouest et le nord-est.
Durant cinq semaines, 815 millions d’électeurs ont été appelés à voter. Avec une participation de 66,4%, environ 560 millions d’électeurs ont voté. Des moyens colossaux ont été déployés de la part des candidats, élevant le coût de la campagne à des milliards de dollars.
En effet, Narendra Modi a fait une campagne de type présidentiel et utilisé tous les moyens de communication (réseaux sociaux et site internet). Appuyé par le milieu des affaires, il a centré sa campagne sur le développement et la bonne gouvernance de l’Inde. Il a, ainsi, réussi à capter la classe sociale montante, la classe moyenne urbaine, les plus aisés mais aussi les jeunes.
Le Congrès n’a, au contraire, pas su défendre son bilan, en plus d’être discrédité par des affaires de corruption et de manquer de pédagogie pour expliquer les raisons de l’inflation. En outre, l’annonce tardive du candidat au poste de Premier ministre ainsi que le manque de leadership de ce dernier ont contribué à favoriser le BJP de Narendra Modi. Il faut ajouter à ces facteurs la perte des électeurs des partis laïcs qui se sont tournés vers le BJP qui a su, de plus, répondre davantage aux attentes des électeurs sur la question des programmes sociaux.
Avec la majorité absolue, Narendra Modi a les moyens de gouverner seul et d’appliquer le mode de gouvernance de l’Etat du Gujarat à l’échelle du pays même s’il lui faudra gagner la majorité au Sénat et s’adapter au gouvernement de l’Union indienne. Des incertitudes demeurent concernant sa gestion de l’aile radicale du BJP. Sur la politique économique, nul doute que le Premier ministre mènera une politique libérale et renouera avec la Chine et le Japon.
La défaite du Congrès aux élections législatives doit, par conséquent, conduire le parti à se réformer en profondeur pour répondre de nouveau aux attentes des électeurs.