Le Labour britannique reste aux yeux des socialistes français un partenaire difficile. Dans cet essai en partenariat avec Policy Network, Renaud Thillaye propose de dépasser les préjugés et analyse l’intérêt que les deux partis auraient pourtant à faire cause commune en Europe.
Les deux partis partagent la même volonté de conduire leur pays vers un nouveau modèle de croissance social-écologique en utilisant deux leviers européens : la régulation et l’investissement. Ces convergences sont visibles sur plusieurs sujets : protection sociale et environnementale, régulation bancaire et financière… Il s’agit donc de les entretenir afin de peser sur l’orientation politique de l’Europe.
Il convient toutefois d’être lucide sur les divergences qui subsistent entre les deux partis. Le Labour se montre ainsi réticent quant à un approfondissement de l’intégration européenne, et inquiet au sujet de l’impact de certaines régulations, notamment sur les PME. Le budget est autre un dossier sur lequel les convergences sont difficiles.
Il est enfin nécessaire que PS et Labour trouvent un compromis sur l’avenir institutionnel de l’Union alors que David Cameron demande une révision des traités. Trois points méritent une particulière attention :
- une plus grande flexibilité afin de permettre à différents projets (union monétaire, politique étrangère…) d’avancer « en parallèle » dans des périmètres variables ;
- une Commission européenne resserrée et concentrée sur le soutien à la croissance ;
- un renforcement du rôle des parlements nationaux.
Ainsi, aussi difficile qu’elle soit, la coopération avec le Labour est cruciale dans l’optique d’une réorientation à gauche de l’Europe.