Défaite en 1992. Défaite en 1987. Défaite en 1983. Défaite en 1979. Cela fait maintenant seize ans que le parti travailliste est écarté du pouvoir et représente, de ce fait, un cas à part parmi les partis socialistes de l’Union européenne.
Mais le parti travailliste est, en même temps, celui qui a le plus de chance de revenir le premier au pouvoir, à l’occasion des prochaines élections législatives qui doivent se tenir, au plus tard, en 1997. Les conservateurs sont presque systématiquement battus lors des élections législatives partielles depuis le début des années 90. Le parti travailliste a gagné les élections européennes en 1994 et a laminé le parti conservateur lors des élections locales d’avril et mai 1995. Le parti libéral-démocrate, « troisième force » jusqu’à présent à équidistance des deux grands, engage des « pourparlers » avec les travaillistes… auxquels vient de se rallier un responsable significatif du parti conservateur. Enfin, un récent sondage Gallup accorde 54% d’intentions de vote aux travaillistes contre 26% aux conservateurs. Bref, le parti travailliste fait aujourd’hui figure de favori.
La rénovation engagée sous la direction de Tony Blair explique, à l’évidence, une large part de la crédibilité retrouvée du parti travailliste. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu comprendre les causes des échecs passés et le contenu de la rénovation présente, d’autant qu’elle est menée à la fois sur les terrains idéologique, programmatique et organisationnel.
Pour ce faire, nous avons confronté les analyses d’un politique, Tony Blair, et d’un universitaire, Lewis Minkin. L’un est l’acteur principal de cette rénovation, l’autre en est un observateur privilégié. Ensemble, ils permettent de mieux appréhender la situation d’un parti qui nous est à la fois proche et, bien souvent, méconnu. Ils ouvrent également des pistes de réflexion fécondes pour la rénovation que le parti socialiste a lui aussi engagé…