Quelles perspectives politiques en République démocratique du Congo (RDC) ?

La Fondation a reçu Félix Tshisekedi, président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, République démocratique du Congo), principal parti d’opposition démocratique au régime de Joseph Kabila, et candidat à la prochaine élection présidentielle, pour échanger sur les perspectives politiques face à la situation de blocage entretenue par le régime.

 

Quelle est la situation aujourd’hui en République démocratique du Congo ?
Félix Tshisekedi :
À ce jour, le Congo vit une situation catastrophique. La seule voie qui pouvait être celle du salut, la voie électorale, du processus électoral, est aujourd’hui parsemée de beaucoup d’embûches.  On nous a apporté une machine à voter, que la population a rebaptisée machine à tricher, dont le but est, comme vous le savez, de biaiser les résultats. Il y a un fichier électoral, la base de données des électeurs, qui est totalement fantaisiste, parce qu’elle compte plus de huit millions de faux électeurs. À côté de cela, il y a la Cour constitutionnelle qui, aujourd’hui, n’est composée que d’amis de Kabila et par-dessus tout ça, l’intention de ce dernier de revenir en jeu en se maintenant pour un troisième mandat, dans le but évidemment de perpétrer son règne à la tête du pouvoir. Voilà la situation qui est très dangereuse, très sensible et qui nécessite une réelle mobilisation de la communauté internationale.

En cas de calendrier électoral respecté – scrutin présidentiel en décembre prochaine – quelle serait la stratégie de l’UDPS ?
Félix Tshisekedi : 
Si le calendrier électoral est maintenu, l’UDPS se retournera vers le peuple congolais parce que c’est lui le souverain primaire, afin que celui-ci prenne enfin sa décision. Nous savons que ce peuple est aujourd’hui déterminé à se libérer, il veut le changement, et ce n’est plus une question de volonté sinon d’exigence. À un certain moment, nous avons évoqué une transition sans Kabila. On nous a fait croire que si le calendrier était respecté, cela ne serait pas réaliste de continuer à clamer une transition sans Kabila. Mais aujourd’hui, tout porte à croire que les élections s’éloignent, le calendrier ne sera peut-être pas respecté et dans ce cas, il faudra demander le départ de Kabila, purement et simplement.

Si vous êtes élu à la présidence de la République, quelles seraient les premières mesures que vous prendriez ?
Félix Tshisekedi :
La première mesure, c’est d’abord le changement des mentalités, la lutte contre les anti-valeurs, comme la corruption, la gabegie, la prédation. Il nous faut une nouvelle catégorie de gestionnaires de la chose publique, des gens qui vont avoir le sens du respect de l’État, de l’engagement pout l’État. Ensuite nous allons lutter contre la pauvreté. Je crois que si nous réussissons à bien mobiliser les recettes en luttant contre la pauvreté, en répartissant comme il se faut la richesse du pays, nous arriverons à endiguer cette tendance à mal gouverner le Congo, qui a amené à une grande pauvreté dans nos populations. Et enfin, nous nous battrons sur la sécurité, car sans sécurité, nous n’aurons pas d’investisseurs. Avec la sécurité, nous améliorerons le climat des affaires. J’entends la sécurité physique comme juridique, car il faut des conditions attrayantes, incitatives pour ceux qui vont venir investir des capitaux frais, qui vont permettre à notre économie d’aller de l’avant. Voilà les trois grandes mesures sur lesquelles nous allons nous baser en priorité dès la prise du pouvoir.

Sur le même thème