Quand la gauche pensait la nation

Dans un essai novateur Quand la gauche pensait la nation (Fayard, 2021) élaboré à partir de l’exemple allemand, Jean-Numa Ducange éclaire un pan méconnu de l’histoire de la gauche européenne, quand son idéal de solidarité des ouvriers du monde entier, par-delà les frontières, se confrontait à la réalité, parfois violente, des nationalités. Une question aujourd’hui encore essentielle, mise en débat par la Fondation dans cet entretien de l’auteur avec Bastien Cabot, doctorant à l’EHESS.

La gauche doit-elle défendre la nation ? Crise du projet européen, mises en cause des frontières, retour des nationalismes et xénophobie font chaque jour l’actualité. Le dépassement des frontières nationales, qui semblait un temps aller de soi, n’était-il pas une erreur de diagnostic ? Dans des sociétés plurielles, comment peuvent coexister des populations qui ne disposent pas, à l’origine, d’une histoire partagée ?
Toutes ces interrogations furent débattues par la gauche européenne au cours de son histoire. Jean-Numa Ducange restitue ce grand débat qui occupa les têtes pensantes du socialisme, comme le quotidien des militants. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les premiers partis socialistes durent se confronter à une évidence : l’extension du marché et du capitalisme, pas plus que les luttes des travailleurs à l’échelle internationale, n’ont conduit à la disparition des nations. Le Parti social-démocrate allemand n’est à l’époque pas seul à proposer des solutions, mais nul n’a alors plus d’influence à l’étranger : de Paris à Moscou, il fascine. Surtout, lui et son alter ego autrichien sont confrontés aux problèmes posés par la coexistence de multiples nationalités, tandis que la question coloniale s’impose sur le devant de la scène.

Cet entretien de Jean-Numa Ducange, professeur des universités (université de Rouen), auteur de Quand la gauche pensait la nation. Nationalités et socialismes à la Belle époque (Fayard, mars 2021), avec Bastien Cabot, doctorant contractuel à l’EHESS, montre la tension permanente dans l’histoire de la gauche entre nation et internationalisme.

Quand la gauche pensait la nation : l’entretien en audio

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